10 alternatives à la punition
L’effet néfaste de la punition sur la relation parent/enfant a été mis en avant il y a de nombreuses années par de grands psychologues. Thomas Gordon, l’auteur des best-sellers Parents efficaces et Éduquer sans punir qui a vu de nombreux enfants être élevés de la sorte les décrit comme “intimidés, craintifs et nerveux par suite de ce “dressage à l’obéissance””.
Ne pas utiliser de punition ne veut pas pour autant dire laisser l’enfant tout faire. Ce n’est pas parce que le parent n’utilise pas de punition que son enfant est libre de faire tout ce qu’il veut, qu’il est le « roi » comme on l’entend souvent. La punition est souvent utilisée comme dernier recours ou comme menace car le parent ne sait plus comment réagir ou comment « faire obéir » son enfant. Il en vient aussi à les utiliser car il a été élevé de cette manière et ne sait pas comment faire différemment.
Et bien voici 10 pistes pour vous aider à ne pas/plus utiliser de punition !
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1. Modifier l’environnement
Afin d’éviter de toujours devoir rester derrière votre enfant et de lui dire Non à chaque fois qu’’il touche à quelque chose il est peut être temps pour vous de modifier son environnement et de revoir l’organisation de votre intérieur. C’est souvent plus facile et moins fatiguant à long terme que de changer votre enfant.
Voici quelques pistes tirées de notre article 4 techniques pour éviter de dire NON inutilement à votre enfant : déplacer les objets fragiles en hauteur, fermer les placards…
2. Expliquer et prévenir à l’avance
Pour qu’un enfant respecte une règle encore faut-il qu’il la connaisse ! Pour cela expliquez lui la règle et prévenez le à l’avance de son fonctionnement.
Par exemple, chez nous, la règle suivante est en vigueur “Dessiner c’est sur le bureau”. Si la consigne n’est pas respectée, répétez la et accompagnez la d’un geste (comme de déplacer les crayons sur le bureau chez nous). Une fois la consigne bien intégrée, un rappel de seulement deux mots sera suffisant “Dessin, bureau”.
3. Exprimer ses sentiments
L’enfant ne se rend pas toujours compte que son comportement a des répercutions sur les personnes qui l’entoure. Lui expliquer vos sentiments peut l’aider à en prendre conscience et le faire changer. Vous pouvez par exemple lui dire “Je ressens de la colère lorsque mes affaires sont abîmées.”
4. Exprimer vos attentes
Tout comme un enfant ne peut pas respecter une règle qu’il ne connaît pas, un enfant ne pourra pas répondre à vos attentes si vous ne lui dites pas clairement ce que vous attendez de lui. Pour continuer sur l’exemple des livres, mes attentes peuvent s’exprimer ainsi : “J’attends à ce que lorsque tu utilises mes livres tu les remettes en place intacts”
5. Proposer des alternatives
Un enfant se sent frustré lorsqu’on lui interdit quelque chose. Lorsque c’est possible ne vous contentez pas d’interdire mais proposez lui des alternatives. Cela permettra de limiter les conflits et comblera les besoins de chacun.
“Je ne suis pas d’accord pour que tu dessines par terre, par contre tu peux dessiner sur des feuilles ou sur ton cahier”
6. Proposer des choix
Les choix responsabilisent l’enfant et l’aident à se sentir important.
“Veux-tu mettre tes tennis ou tes bottes ?”
7. Exprimer sa confiance en l’enfant
Tout comme les choix, montrer à l’enfant que l’on a confiance en lui l’aide à se sentir important. Il aura à coeur de vous monter que vous avez raison de lui accorder votre confiance.
“Je compte sur toi pour ranger le bureau après avoir dessiné”
8. Laisser l’enfant proposer des solutions
Une nouvelle fois, vous montrez à l’enfant que son avis est important, vous ne le limitez pas à suivre vos ordres.
“Que peut-on imaginer pour que tu puisses dessiner quand tu veux et que je sois sûr de ne pas retrouver des crayons par terre dans le salon ?”
9. Laisser les conséquences naturelles se produire
Lorsque cela est possible, laisser les petits accidents liés au comportement de votre enfant se produire lui permettra de réfléchir aux conséquences de ses actes et de ne pas répéter ses erreurs.
Par exemple, chez nous Gabrielle a récemment cassée ses lunettes et depuis elle nous en parle souvent. “Oh tes lunettes sont cassées… C’est dur de voir qu’elles sont cassées, tu ne peux plus les mettre. Tu sais quand tu tires fort dessus à l’envers les lunettes se cassent.”
L’enfant comprend bien mieux pourquoi il ne faut pas jeter son jouet par terre si on le laisse en casser un une fois plutôt qu’en lui infligeant une punition ou en le grondant à chaque lancer de jouet.
10. Discuter des conflits
De discuter ensemble de conflits et de trouver ensemble les solutions permet de renforcer les liens de famille et que tout le monde soit satisfait.
Pour cela, réunissez-vous, laissez chacun exprimer ses sentiment et cherchez ensemble une solution qui satisfasse tout le monde. Vous pouvez initier la discussion avec une question comme “Que peut-on imaginer pour que tu puisses utiliser tous les livres de la maison quand tu le souhaites et que je sois sûr de les retrouver bien rangé et intact ?”
Cet article sur la résolution de conflit sans perdant basé sur la méthode de Thomas Gordon vous aidera sur ce dernier point.
> Continuer la lecture avec l’article Punir un enfant est-il nécessaire ?
Pour aller plus loin sur le sujet de l’éducation sans récompense ni punition, je vous conseille la lecture des livres Éduquer sans punir (Thomas Gordon, lire ma chronique) et La Discipline Positive (Jane Nelsen)
Merci beaucoup pour cet article et toutes vos idées, je note pour mes filles de 3 ans et demi et 8 ans, les solutions ne sont pas toujours les mêmes et SURTOUT, les enfants ne sont pas réceptifs aux mêmes solutions :
J’ai écrit un article-guide complet sur la parentalité positive, la réponse à toutes les questions que les parents m’ont posées (notamment concernant la punition positive, les limites, savoir dire non…) ==> https://grandirzen.fr/parentalite-positive-et-growth-mindset-mode-demploi/
Anaïs de GrandirZen
Bonjour, très bien votre article.
Que faire si malgré tout, les enfants ne respecte pas les consignes ? Exemple: pas sauter sur le divan : je dis à mes enfants de sauter par terre s’ils veulent, mais pas dans le divan, s’ils m’écoutent toujours pas apred 2-3 avertissements ( un peu pour me défier), c’est à ce moment que j’applique le retrait à réflexion. Et vous, vous feriez quoi ?
Bonjour.
Mon fils faisait exactement la même chose. Sauter par terre, ça ne rebondit pas donc ce n’est pas intéressant. Ce que j’ai fait : mettre un vieux matelas par terre pour qu’il puisse sauter dessus puis acheter un trampoline. Depuis, il ne saute plus sur le canapé.
Exactement Christel, vous pouvez aménager l’environnement.
Vous pouvez aussi faire descendre votre enfant du canapé et lui dire fermement (mais sans crier ni vous mettre en colère) « On ne saute pas sur le canapé » et le rediriger vers une autre activité qui défoule comme d’aller dehors.
Bonjour, je n’ai pas d’enfant mais je suis enseignante, et depuis quelques temps je me pose beaucoup la question de l’éducation bienveillante avec mes élèves. Comment faire lorsqu’on a appliqué à peu près tout ce que vous décrivez dans cette note, et qu’un enfant ne respecte pas la règle ? Pour moi, comme la loi pour les adultes, une règle non respectée doit être suivie de conséquences (adaptées)… Pour reprendre votre exemple, si vous avez dit « dessin, bureau » et que votre enfant dit « non, je veux dessiner par terre » et qu’il ne bouge pas… comment réagir ? Ne faudrait-il pas punir quand même ? J’essaye vraiment de l’éviter, d’utiliser la discussion, l’explication, etc… mais comme vous le dites bien, j’ai parfois du mal à trouver une alternative (dans le cadre de ma classe, je précise bien, avec le nombre d’élèves que ça implique et les diverses éducations qu’ils reçoivent indépendamment de moi). Merci en tout cas pour cette note !
Je voulais juste vous dire que j’aime beaucoup votre blog, Continuez comme ça, c’est super. Petit à petit, tout doucement, nous semons ça et là nos petites graines sur l’éducation bienveillante.
Merci de votre commentaire qui nous fait très plaisir 😀
On essaie comme vous de distiller des informations sur une autre façon d’éduquer les enfants
Merci Carole et Antoine pour cette synthèse claire et précise sur la question sensible des punitions !
Bien d’accord avec vous sur l’importance de l’environnement. Avant la naissance de notre 1ère fille, mon mari et moi avons complètement réaménagé notre chez nous. Le but premier c’était de faire de la place dans notre mini-appartement parisien. Tant qu’à y être, nous en avons profité pour créer un environnement compatible avec la présence d’un bébé : canapé avec une housse en tissu passant à la machine et pouvant se changer pour pas très cher chez un célèbre fournisseur suédois, meubles à angles ronds, objets fragiles en hauteur… Avec un principe : tout ce qui est à portée d’exploration par bébé peut être exploré par bébé.
Je crois que ça nous a donné beaucoup de tranquillité d’esprit (pas besoin d’être tout le temps en train de surveiller à quoi elle touchait !). Ayant limité les interdits superflus (ne pas toucher, ne pas aller à droite ou à gauche…), cela nous a permis de nous concentrer sur les règles vraiment essentielles que nous voulions lui transmettre… comme en effet dessiner sur du papier plutôt que sur les murs 😉
Magali.
Tout à fait Magali, l’environnement préparé est important pour laisser son enfant explorer, expérimenter sans avoir à toujours derrière lui et lui dire Non à chaque fois qu’il touche à quelque chose. D’ailleurs j’ai écrit un article avec plusieurs astuces pour justement éviter de dire Non trop souvent https://eduquer-differemment.com/education-positive/comment-eviter-non-inutile-enfant/ 😉
Superbe article. Le plus important selon moi est ce que Maria Montessori nomme « l’environnement préparé ». Si l’environnement est préparé et réfléchit pour l’enfant, il pourra explorer sans nous gêner. « Mieux vaut prévenir que guérir ».
Tout à fait 🙂