Résolution de conflit : mode d'emploi

Résoudre un conflit sans cris : Mission impossible ?

Une des aptitudes que nos enfants devraient apprendre dès leur plus jeune âge ?
La résolution de conflit.

Oui, je pense que nos enfants devraient très vite apprendre à trouver des solutions à leurs désaccords. Car dès lors que nous interagissons avec les autres, les conflits surviennent. Et ce, dès l’enfance.

Pourquoi ?
Car nous avons tous des besoins et des désirs. Et en essayant de les satisfaire nous entrons en opposition avec les personnes qui nous entourent et qui essaient de faire de même.

La grande question devient alors : comment résoudre ce conflit sans se disputer (et abîmer notre relation au passage) ?

Car la façon dont nous allons sortir du conflit va avoir un grand impact sur notre relation, choisir celle qui se rapproche le plus de nos valeurs est primordial.
Que ce soit entre amis, entre collègues, au sein de la famille ou de la fratrie, le résultat ne sera pas le même si nous imposons notre point de vue, si nous cherchons un compromis ou si au contraire nous fuyons le conflit.

Alors, comment choisir la méthode de résolution de conflit qui nous convient ?

Note : Vous préférez me regarder parler plutôt que de lire l’article ? J’ai tout prévu 😉
Découvrez le mode d’emploi de la résolution de conflit en douceur dans cette vidéo :

Commençons par voir les différentes façons de résoudre un problème

1. Forcer

Forcer, c’est facile et efficace !
Le plus fort impose son point de vue et l’autre a juste à se taire et suivre. Avouez que c’est particulièrement simple !
La personne qui impose obtient immédiatement ce qu’elle désire. Pas besoin de perdre du temps à discuter et à comprendre les besoins de l’autre : “Je t’ai dit de ranger tes jouets alors tu les ranges ou tu vas te coucher sans manger.”

Le plus facile mais pas le plus respectueux.

Malheureusement, imposer et punir est une méthode encore beaucoup utilisée dans l’éducation pour régler les conflits et faire obéir (ou plutôt soumettre) les enfants “Fais ce que je te dis ou tu seras privé de [quelque chose que l’enfant adore]”

Je dis malheureusement car cette façon de faire n’est pas sans conséquence pour la relation.
À force de résoudre les conflits par la force, elle se détériorera rapidement.
En forçant notre enfant, nous développons sa rancoeur envers nous. Très vite, il en aura assez et cherchera à se rebeller ou se venger de cette injustice : ses besoins ne sont ni entendus ni respectés.

Menacer ne résout pas vraiment les conflits
Cet enfant n’a pas l’air vraiment heureux de l’issue du conflit

En grandissant il gagnera en indépendance et notre contrôle diminuera.
Il fera alors ce qu’il veut sans repère.

Et puis…
Qu’est-ce que cette méthode lui transmet ?
Que c’est le plus fort qui gagne : je suis le plus fort, tu dois m’obéir aveuglément. Ton avis ne compte pas.

Et lorsqu’il sera lui-même le plus fort ?
Il imposera ses envies à sa petite soeur ou à ses copains plus faibles.

Et si un jour il tombe sur plus fort que lui, comme son patron, il exécutera sans rien dire…

Pas top pour créer des enfants responsables, ayant un sens critique et osant remettre en question ce qu’on leur dit.

2. Éviter le conflit

Une autre méthode, souvent utilisée par les personnes qui n’aiment pas le conflit, c’est l’évitement.

En fuyant le conflit, on évite la confrontation, on évite de faire face à l’autre pour lui exprimer notre désaccord, on évite de devoir “défendre” son point de vue.

Mais au final, cela revient seulement à inverser les rôles.
Une fois encore, les besoins de l’une des personnes ne sont pas pris en compte.
Simplement, au lieu que ce soient ceux de notre enfant, ce sont les nôtres.

Enfant déguisé en Batman

Et qu’est-ce que cette méthode transmet à notre enfant ?
Qu’il peut faire ce qu’il veut. Que ses envies et ses besoins sont plus importants que ceux des autres. Qu’il est le “roi”.

Et de notre côté, nous risquons de lui en vouloir, car notre besoin n’est ni entendu ni respecté.
En faisant passer nos besoins en dernier nous aurons l’impression de nous sacrifier pour notre enfant sans “retour” de sa part. Et ça ne fera qu’inconsciemment développer notre ressentiment.

Au final, ces deux méthodes ne sont pas réellement des méthodes de résolution de conflits. Car dans les deux cas, la relation est basée sur un jeu de pouvoir avec un gagnant et un perdant.

Ce déséquilibre crée immanquablement des tensions et de nouveaux conflits à la maison et nous fait entrer dans un cercle vicieux d’oppositions stériles.

3. Collaborer (pour trouver un consensus) : la méthode gagnant – gagnant

Heureusement, il y a une troisième façon d’aborder les conflits : la collaboration.
(cette méthode est aussi appelée méthode gagnant – gagnant par Thomas Gordon dans son livre Éduquer sans punir, en opposition aux méthodes gagnant – perdant dont nous venons de parler)

Car en soi les conflits sont sains. C’est notre manière de les aborder, soit en imposant, soit en se soumettant qui pose problème.

En écoutant les besoins et envies de chacun et en collaborant nous essaierons de trouver ensemble un consensus pour que tout le monde soit satisfait de la solution choisie.

En suivant une telle méthode de résolution de conflit, plus que la simple recherche de résultat, nous inculquons à notre enfant des valeurs d’écoute, de respect, de collaboration et d’empathie.

Quoi de plus merveilleux pour eux que de pouvoir aborder tous leurs futurs conflits de cette manière ?

Quelle méthode choisir ?

Bien sûr collaborer prend du temps, de l’énergie et au début au moins ce n’est pas “naturel”.
Mais quelles merveilleuses valeurs de respect, d’entraide, d’écoute, de communication et d’empathie cette méthode enseigne à nos enfants pour résoudre leurs différends !

Je ne peux que vous encourager à l’utiliser lors de vos prochains conflits avec vos enfants, votre conjoint et même à aider vos enfants à l’utiliser entre eux !
S’ils sont baignés dans cet environnement, dès 5 / 6 ans ils seront capables de réfléchir par eux-mêmes à des solutions acceptables pour tous 😉

Comment se déroule la résolution de conflit ?

1. Bien identifier le problème

Avant même de penser à résoudre le conflit, tout le monde a besoin d’être calme et en état de réfléchir. En colère, il nous est impossible de raisonner et encore moins d’écouter les idées de la personne qui nous a énervé. Tout ce qu’elle dira nous apparaîtra comme absurde.
Trouver un consensus dans ces conditions est mission impossible.

Une fois que tout le monde est prêt, nous pouvons commencer 🙂

Discuter est essentiel dans la résolution de conflit
Discuter est primordial pour résoudre un conflit

La première chose à faire est de nommer clairement le problème afin que tout le monde le comprenne bien.
“Augustin, je vois que lorsque nous sommes à table tu as envie d’être à côté de moi. Ça te rend triste lorsque c’est Gabrielle qui est à côté de moi. Et toi Gabrielle, tu as aussi envie d’être à côté de moi.
Seulement il n’y a qu’une place à côté de moi à table.
Comment pourrait-on faire pour régler ce problème ?”

2. Écouter le point de vue de chacun

Comment trouver une solution qui fasse consensus sans prendre en compte les besoins de chacun ?
Impossible.

Et pour prendre en compte les besoins de chacun nous devons les connaître et donc écouter chaque partie !

Ici pas question de juger ou de dénigrer les besoins de l’autre.
Chaque personne a ses propres envies et besoins.
Écouter l’autre, essayer de comprendre son point de vue et faire preuve d’empathie enseignera non seulement ces valeurs à notre enfant mais le mettra en condition pour en faire de même vis à vis de nous.

Car c’est lorsque l’on se sent écouté et entendu que l’on est soi-même prêt à écouter l’autre.
C’est gagnant – gagnant.
Écouter pour que notre enfant écoute et cheminer ensemble vers une solution qui nous conviendra à tous.

Car bien sûr, il n’est pas question ici d’imposer notre solution à notre enfant. Ni de laisser notre enfant décider de la solution. Il s’agit bien de trouver une solution qui conviendra à toutes les parties.
Car c’est bien de cela qu’il est question ici. Partager son point de vue pour être compris et trouver une solution qui conviendra à tous.

Partager notre point de vue permet en plus de nous rapprocher, de montrer que nous avons tous des besoins, des envies, des souhaits.

Et si mon enfant ne dit rien ? Ou qu’il n’arrive pas à exprimer ses besoins ?

Dans ce cas nous pouvons essayer de nous mettre à sa place et faire des suppositions sur ses besoins et son point de vue. Nous nous ferons simplement l’interprète de ce qu’il ressent.

3. Énumérer des solutions possibles

La résolution de conflit passe souvent par un "brainstorming"

Maintenant que chacun est conscient de ses besoins et de ceux des autres, trouvons une solution ! Et pour la trouver, faisons des propositions !

Parfois la solution tombe sous le sens. C’est tellement évident qu’il n’y a pas à réfléchir des heures.

Et parfois non.
Certains problèmes demandent de se poser un peu plus de longtemps, de se remuer les méninges, de faire plusieurs propositions avant qu’une plaise à tous.
C’est un peu comme un brainstorming au travail (en plus sympa !) 😄

4. Choisir une solution et l’essayer pendant un temps

Et puis tout d’un coup une idée fait TILT et plaît à tout le monde.
Génial ! C’est le moment de l’essayer.

Enfant fait le ménage
Une fois c’est rigolo mais faire le ménage c’est vite lassant…

Et oui, même si l’idée vous paraît géniale, tant que vous ne l’avez pas essayé vous ne pouvez pas en être certains.
(Je ne compte plus le nombre de fois où mes enfants étaient d’accord sur le fait de participer au ménage et une fois l’excitation de la première fois passée ils ne voulaient plus participer…)

Donc laissez-vous du temps pour l’essayer.
Prenez au moins une semaine pour tester la solution que vous avez choisie.
Puis faites le bilan :

  • Est-ce qu’elle convient vraiment à tout le monde ?
  • S’il s’agit d’alterner une corvée, est-ce que vous l’avez fait ?
  • Est-ce que des inconvénients sont apparus à l’utilisation ?

Mais si on n’arrive pas à se mettre d’accord ?

C’est vrai que parfois nos besoins peuvent être tellement éloignés que l’on n’arrive pas à trouver une solution qui convienne à tous.
Là, deux possibilités s’offrent à nous :

  1. Trouver un compromis.
    Personne n’est entièrement satisfait mais la solution choisie est quand même acceptable pour tout le monde. Il sera toujours temps de revenir sur ce problème un peu plus tard, de nouvelles idées auront sûrement émergées d’ici là.
  2. Faire une pause.
    Et puis parfois nous avons beau réfléchir, aucune solution acceptable pour tous ne surgit. Il est alors temps de mettre le problème en pause. Faisons autre chose, laissons passer quelques jours et reprenons la conversation plus tard.
    Ce temps supplémentaire permet de réfléchir à ses besoins, de savoir ce qui est réellement important pour soi et ce sur quoi on veut bien “lâcher du lest” pour trouver une solution à notre problème.

5. Suivre ses effets

Faire un bilan est important car à l’utilisation la solution ne sera peut-être pas si géniale que ça. Peut-être que vous ne serez plus si enthousiaste après l’avoir utilisée.
Ou, comme mes enfants, votre enfant se lassera peut-être.

Et si la solution est toujours géniale ? C’est parfait !
Continuez de l’utiliser !

Partager nos besoins, nous mettre à la place de l’autre, collaborer pour trouver une solution qui nous satisfait tous peut paraître compliquée mais ça fait une vraie différence pour diminuer les conflits et apaiser la vie à la maison.

Alors, que pensez-vous de cette méthode gagnant – gagnant de résolution de conflit ?
Pensez-vous l’essayer lors de votre prochain désaccord ?

Bien qu’elle donne l’impression de ne pouvoir être utilisée qu’entre adulte ou avec des enfants âgés, c’est une fausse idée. Cette méthode de résolution de conflit peut s’employer avec tout le monde. J’y ai plusieurs eu recours avec mes enfants très jeunes, avant même qu’ils ne sachent parler !

Un exemple de résolution de conflit avec un bébé de 18 mois !

Bien sûr avec un bébé ne parlant pas encore (ou très peu) il n’est pas possible de se réunir, chercher des solutions ensemble et d’en choisir une qui convient à tout le monde, il faut y aller à tâtons.

Et c’est ce que j’ai fait avec ma fille quand elle a eu environ 18 mois.
À cet âge, changer la couche devenait problématique : elle ne voulait plus s’allonger sur la tapis de change…

Voici ce que j’ai fait pour éviter les conflits à chaque fois que sa couche était pleine :

  1. Identifier le problème
    Ma fille criait et se débattait lorsque je la portais pour la mettre sur la table à langer.
    Le change lui posait un véritable problème.
  2. Essayer et évaluer diverses possibilités
    En réfléchissant au problème je me suis aperçu que ce n’était pas tant le fait de la changer qui posait problème mais le fait de s’allonger. À cette époque elle ne voulait plus s’allonger. Cela l’empêchait de bien voir autour d’elle et cela la coupait dans son jeu.
    Alors j’ai essayé de la changer debout. Mais je trouvais cela trop dangereux. La voir debout sur la table à langer à plus d’un mètre du sol était inconcevable.
    En plus avec les couches classiques, être debout n’était pas pratique du tout.
  3. Choisir une solution
    Ce qui me posait problème dans le fait de la changer debout était la hauteur. J’ai alors essayé de la changer debout sur le canapé, les pieds posées sur une serviette pour ne pas le salir. Elle pouvait s’accrocher au dossier du canapé et moi j’étais assis à côté d’elle.
    Le risque de tomber était alors écarté.
    Et pour faciliter le change, j’ai acheté des couches culottes. Elles beaucoup plus simples à enfiler debout (comme une culotte en fait) !
    Cette solution convenait à tout le monde.
  4. Essayer
    À partir de ce moment j’ai utilisé cette position tous les jours. Au début seulement lors des pipis. Mais forcément lors des cacas, les pleurs sont vite revenus.
    Et puis avec l’habitude nous avons tous pris nos marques et changer la couche debout et devenu la norme.
  5. Le bilan
    J’ai continué de changer ma fille debout un peu partout, plus seulement sur le canapé.
    Cette solution était parfaite pour nous !

Et voilà comment nous avons résolu un conflit qui se posait plusieurs fois par jour en prenant en respectant les besoins de chacun 🙂

Il n’y a pas de solution universelle. Ce qui a été adoptée chez moi peut vous paraître totalement absurde. Ce qui compte c’est que les personnes en conflits trouvent une solution qui leur conviennent pour en sortir.

> Continuer la lecture avec l’article Ma CLÉ pour rester calme face à votre enfant

Pour aller plus loin avec cette méthode de résolution de conflit, je vous conseille la lecture des livres Éduquer sans punir (lire ma chronique) et Parents efficaces de Thomas Gordon

Livre Parents efficaces - Thomas Gordon
Livre Éduquer sans punir - Thomas Gordon

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